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Albert Ogien naît dans une famille d'origine juivepolonaise survivante de la Shoah, parlant yiddish. Il est le frère cadet du philosophe libertaire Ruwen Ogien[5].
Parcours
Il commence ses études à la faculté de Vincennes, Université Paris VIII. Il portait le désir de devenir africaniste et s'est consacré à un mémoire sur l'empire zoulou avant de débuter une thèse sur l'apartheid en Afrique du Sud. C'est dans le cadre de ce mémoire qu'il passe plusieurs années dans les archives londoniennes et fait la découverte de l'ethnométhodologie et de l'anthropologie sociale. Sous la difficulté de trouver des financements en France pour des recherches sur l'Afrique du Sud, il modifie ses projets pour étudier l'Algérie et Israël, où il vivra deux ans. En 1981, il part en Belgique à la suite d'une invitation de recherche sur la psychiatrie. Il utilisera le même concept d'affiliation que dans ses recherches en Afrique du Sud. C'est donc finalement avec Robert Castel qu'il s'inscrit en thèse, malgré une démarche bien différente ce directeur de thèse l'aidera par la suite de ses recherches. Ce travail de thèse débouchera sur un ouvrage en 1989 : Le raisonnement psychiatrique. En 1986, il revient en France étudier sous forme d'enquête l'administration française. En 1991, il devient chargé de recherche au CNRS et rejoint le Centre d'étude des mouvements sociaux (CEMS) que dirige alors Robert Castel à l'EHESS[2].
Travaux
Ses travaux portent principalement sur l'ethnométhodologie, mais aussi sur l'analyse des pratiques de rationalisation et des systèmes d'information. Ses recherches portent aussi sur la sociologie de la connaissance en acte, la sociologie de l'action, l'analyse de la politique publique de santé, les formes du raisonnementgestionnaire dans le domaine politique et, plus largement, les habitudes et dispositions des acteurs sociaux[3].
Albert Ogien défend le droit à une sociologie critique, même si elle ne se réfère ni aux institutions ni à l'histoire. Pour lui l'ethnométhodologie — en rendant compte de façon détaillée des procédures qui constituent l'action en train de se faire et en saisissant l'ordre social non comme une entité qui domine de l'extérieur les individus mais comme un « phénomène ordinaire, diffus et collectivement partagé » — peut être une critique radicale du « rapport de pouvoir », comme il a tenté de le montrer à propos du fonctionnement de l'esprit gestionnaire dans les instances de l'État.
Publications
Le Raisonnement psychiatrique, Paris, Méridiens-Klincksieck, 1989
Avec Michel Joubert, Les Limites de la solvabilisation, travaux de recherche et d'analyse du social et de la sociabilité pour le compte du Commissariat général du Plan, Paris, GRASS, 1990
Coordination de Robert Castel (dir.), Les Sorties de la toxicomanie. Types, trajectoires, tonalités, Institut de recherche sur les sociétés contemporaines (IRESCO), Groupe de recherche et d'analyse du social et de la sociabilité ; rapport réalisé pour la Mission interministérielle recherche-expérimentation, sous la direction de Robert Castel, avec la collaboration de M. Benard-Pellen, C. Bonnemain, N. Boullenger et al., Paris, 1992
(Dir.), La Demande sociale de drogues, Délégation générale à la lutte contre la drogue et la toxicomanie, rédigé par Nancy Aguilera-Torres, Marie-Danièle Barré, Nelly Boullenger et al., sous la dir. d'Albert Ogien et Patrick Mignon, Paris, La Documentation française, 1994
L'Esprit gestionnaire : une analyse de l'air du temps, Paris, Éditions de l'EHESS, 1995
Sociologie de la déviance, Paris, Armand Colin, 1995, 1999 ; rééd. PUF, 2018
Sociologie de la déviance et usages de drogues : une contribution de la sociologie américaine, Groupement de recherche Psychotropes, politique et société, rédigé par Albert Ogien, Paris, 2000
(Dir.) avec Christiane Chauviré, La Régularité : habitude, disposition et savoir-faire dans l'explication de l'action, Paris, Éditions de l'EHESS, 2002
Avec Louis Quéré, Le Vocabulaire de la sociologie de l'action, Paris, Ellipses, 2005
Les Règles de la pratique sociologique, Paris, PUF, 2007
Les Formes sociales de la pensée : la sociologie après Wittgenstein, Paris, Armand Colin, 2007
Avec Louis Quéré, La Structure cognitive de la confiance, Paris, Economica
Avec Sandra Laugier, Pourquoi désobéir en démocratie[6], Paris, La Découverte, 2011
Désacraliser le chiffre dans l'évaluation du secteur public (conférence), Versailles, Édition Quae, 2013
Avec Sandra Laugier, Le Principe démocratie : enquête sur les nouvelles formes du politique[7], Paris, La Découverte, 2014
Avec Sandra Laugier, Antidémocratie[8], Paris, La Découverte, 2017
Politique de l'activisme. Essai sur les mouvements citoyens, Paris, PUF, 2021