Il s'est intéressé très tôt à l'ésotérisme sous tous ses aspects, lisant pêle-mêle Fabre d'Olivet, Louis-Claude de Saint-Martin, Swedenborg, Éliphas Lévi, Denys l'Aréopagite, Fulcanelli, René Guénon et les grands textes orientaux (bouddhisme tch'an, soufisme, hindouisme, taoïsme). Il a découvert la poésie, en vers et en prose, vers l'âge de dix-sept ans, devenant au fil du temps un lecteur insatiable de Rimbaud, Baudelaire, Lautréamont, Breton, Artaud, Daumal, Leiris, Michaux, Paz, Duprey, de Chazal, Pessoa, Juarroz, Munier, Bonnefoy.
Cet auteur s'inscrit dans une double démarche. D'une part, il écrit des proses poétiques resserrées, à la limite du silence, essayant de dire en quelques mots la présence, l'absence, l'attente, rôdant autour de l'innommable, de l'indicible (ces livres sont publiés chez Lettres Vives et aux éditions Cadex)[1],[2]. D'autre part, il écrit des récits où il peut donner libre cours à son imagination, à son humour, à son insolence, sans perdre la quête du sens qui est essentielle à toute sa démarche. En témoigne son recueil de nouvelles Que la ténèbre soit !(Éditions La Clef d’Argent) et deux romans : "Le Labyrinthe du Singe" et "Chemin des Équinoxes", publiés chez Apogée.
Par ailleurs, il a publié en 2008 un essai sur les mots, à partir de la cabale phonétique et d'une interprétation très personnelle de la forme des lettres, La Vie privée des mots[3], réédité dans une version augmentée sous le titre La Vie secrète des mots et des choses en 2019, aux Éditions Maurice Nadeau.
En 2022, Alain Roussel publie au Éditions Les Lieux-Dits un court récit, "Arachné"[4].
Il vient de publier (mai 2023) aux Éditions Arfuyen "Le Texte impossible", version remaniée et augmentée de nouveaux textes d’un tapuscrit diffusé très sommairement par ronéo auprès d’une cinquantaine de poètes et d’écrivains en 1975,avec des réponses chaleureuses de nombreux surréalistes (José Pierre,Gherasim Luca,Vincent Bounoure, plus tard Jacques Abeille, Joyce Mansour, Jean-Michel Goutier...), mais aussi Roland Barthes, René Nelli, Henri Chopin (la poésie sonore), et d’autres encore.
Publications
Le Poème après le naufrage, P.-J. Oswald, 1977
Rétropoèmes, Inactualité de l'orage, 1978
Les Aventures d'Aluminium, Inactualité de l'orage, 1979
Le Texte impossible, Inactualité de l'orage, 1980
Le Temps d'un train, P. Vandrepote, 1983
La Lettre au petit homme noir, Plasma, 1984
Rite pour l'aurore, Tournefeuille, 1989; rééd. Lettres vives, 1998
La Légende anonyme, Lettres vives, 1990
Il y aura toujours des gardiens de phare, Poiein, 1992
Fragments d'identité, Lettres vives, 1995
L'Ordinaire, la Métaphysique, Cadex, 1996
La Poignée de porte, Cadex, 1999
Somnifère d'indien, Wigwam, 1999
Sans commentaire (avec Christian Hibon), La Clef d'Argent, 2000
↑« Parmi les poètes révélés ces dernières années et qui, sans se réclamer expressément du surréalisme, entretiennent avec lui de peu niables relations, seraient-elles de contestation […] il m’a semblé [qu’Alain Roussel] se montrait étroitement tributaire de cette conviction des surréalistes que la poésie peut et doit “changer la vie”, même si c’est cela qu’il met en doute. », José Pierre, L'Univers surréaliste, Somogy, 1983, p.
↑« Après de nombreuses années d’écriture, d’étroite passion avec la langue, d’émerveillement dans son sein, il arrive, comme dans tout autre amour, que l’effervescence s’effrite. L’émotion se transforme, la distance se crée. À la fusion intense succède la distance critique qui rend étrange à ses propres mots et à soi-même », Nelly Carnet à propos de La Voix de personne, dans Le Mensuel Littéraire et poétique n°343, septembre 2006
↑À propos de La Vie privée des mots, Jean-Claude Lebrun écrit (L'Humanité, 3 juillet 2008) : « Ce livre [...] se lit comme une libre pérégrination, commandée seulement par les principes du plaisir et de l’étonnement. Mais toujours à partir d’une connaissance intime, tout à fait savante, de la langue et de son histoire. Le savoir du linguiste se conjugue en l’espèce à la liberté du poète. »