Affaire Georges Pouille
L’affaire Georges Pouille est une affaire criminelle française dans laquelle deux petites filles sont tuées par un jeune homme à Voreppe, dans l'Isère. Le corps de Sarah S., six ans, est retrouvé le à quelques centaines de mètres de son domicile. Celui de Saïda B., dix ans, est découvert le à moins d'un kilomètre de chez elle. En 2008, ces deux homicides sont reliés à l'affaire des « disparus de l'Isère ». En 2013, de nouvelles analyses des prélèvements biologiques liés à l'enquête sont réalisées et permettent de confondre Georges Pouille, alors âgé de trente-sept ans. VictimesLe , Sarah S., âgée de six ans, disparait de l'aire de jeu située en bas du domicile familial, dans le quartier de Bourg-Vieux à Voreppe. Son corps est retrouvé le lendemain dans un bois, à 300 m de là. Elle a été étranglée et des violences sexuelles sont constatées lors de l'autopsie. Une empreinte digitale est recueillie sur un paquet de mouchoirs par les enquêteurs et des échantillons biologiques sont prélevés sur les vêtements de la victime[1],[2]. Saïda B., âgée de dix ans, quitte son domicile pour se rendre au gymnase dans la journée du , et disparaît après avoir été aperçue en compagnie d'un jeune homme à vélo. Son corps est retrouvé deux jours plus tard, le , au bord d'un canal d'irrigation. Elle aussi a été étranglée, aucune trace d'agression sexuelle n'est relevée. Le pull de la victime, noué autour de son cou, est conservé par les enquêteurs[1],[2]. EnquêtePremières recherchesEn 1991, plusieurs centaines d'habitants de Voreppe, dont le père et les frères de Sarah, sont convoqués par la gendarmerie pour que leurs empreintes soient relevées et comparées. Les enquêteurs tentent d'exploiter l'empreinte digitale recueillie sur la scène du crime, mais Georges Pouille, alors âgé de quinze ans et demi, n'est pas fiché et ne peut pas être identifié. En 1996, à la suite du meurtre de Saïda B., les gendarmes auditionnent plus de cinq cent personnes, dans l'espoir de retrouver l'adolescent qui a été vu à vélo avec la petite fille peu avant sa disparition[2]. Une nouvelle fois, les empreintes digitales de presque tous les hommes et garçons de la commune sont relevées, mais pas celles de Georges Pouille, pourtant lui aussi entendu comme témoin[1],[3]. Il possède un vélo du même type et de la même couleur que le jeune homme recherché, mais son emploi du temps n'est pas vérifié par les enquêteurs. Ne menant à aucune piste, l'instruction aboutit à un non-lieu le [1],[2],[4]. Rapprochement et réouverture des dossiersC'est en 2006 que les deux affaires sont liées pour n'en former qu'une seule. Le rapprochement est effectué en raison des nombreuses similitudes existantes dans ces deux dossiers[1],[2]. En 2008, le procureur général de Grenoble décide de relancer l'enquête sur six meurtres, dont ceux de Sarah et Saïda, espérant des avancées grâce à l’évolution des techniques d'analyse et de comparaison ADN. Les investigations sont confiées à la cellule « Mineurs 38 » de la gendarmerie, mobilisée pour résoudre les nombreux cas d'enfants tués ou disparus dans le département de l'Isère[5]. Un tueur proche des famillesEn 2013, la juge d'instruction chargée de l'affaire, Catherine Léger, envoie les prélèvements biologiques sous scellés dans un laboratoire d'analyse moléculaire à Bordeaux. Ces dernières expertises permettent enfin d'identifier un homme de trente-sept ans, marié et père d'un enfant, atteint de la maladie de Steinert, qui est en fait un ancien voisin de Sarah S. et un ami de la famille de Saïda B.[1],[3],[5]. Georges Pouille est arrêté à son domicile de Voreppe le matin du , et placé en garde à vue à Grenoble. Il a été fiché en 2005 et 2008 pour conduite sous l'emprise de stupéfiants, ce qui permet de le confondre. Son profil génétique correspond aux échantillons prélevés sur les scènes de crime, notamment sur les manches du pull de Saïda[2],[6]. Pendant les interrogatoires, il reconnaît avoir été présent sur les lieux mais pas être responsable de la mort des deux petites filles. Pour les familles des victimes, dont le suspect est resté proche, c'est la consternation[4],[7]. ProcèsPremier procès en mars 2016Georges Pouille est d'abord jugé pour le meurtre de Saïda B., durant trois jours à la cour d'assises de l'Isère à Grenoble. Le , il refuse de répondre à toutes les questions, même au moment de simplement confirmer son identité[8],[9]. Au cours de l'après-midi, la cour d'assises découvre le parcours et le contexte familial de l'accusé à travers l'audition de sa mère. Dans une ambiance pesante, elle décrit comment ce jeune homme, né d'un viol et rejeté durant son enfance, consommait des stupéfiants dès l'âge de treize ans. Des crises de violences et un internement psychiatrique sont évoqués[6],[8],[10]. Finalement, Georges Pouille sort du silence au cours du deuxième jour de procès, mais ne reconnaît pas avoir tué Saïda. Il raconte avoir été suivi par la petite fille, avant de lui porter un coup à la tête qui lui a fait perdre connaissance. Il aurait ensuite laissé la victime contre un arbre, en vie, et en prenant soin de nouer son pull autour de cou[6],[11]. Cette version, en contradiction avec les éléments matériels de l'enquête, n'est pas retenue. Le , Georges Pouille est reconnu coupable et condamné à trente ans de réclusion[6],[12]. En appel , la peine de Georges Pouille pour le meurtre de Saïda B est transformée en réclusion criminelle à perpétuité. Second procès de mai à juillet 2016En 1991, au moment de l'agression et du meurtre de Sarah S., Georges Pouille était âgé de quinze ans et demi. C'est donc un tribunal pour enfants qui doit le juger pour ces faits. Les audiences, qui se tiennent à huis clos, débutent le à Grenoble et doit durer deux jours[13]. Le procès est interrompu le lendemain matin, après le malaise d'un avocat, qui doit être hospitalisé[14],[15]. Les plaidoiries et les réquisitions sont reportées au , date à laquelle Georges Pouille est condamné de nouveau, écopant d'une peine de 13 ans de prison. Une fois encore, l'accusé conteste l'ensemble des accusations portées à son encontre et refuse de parler, face à une famille désabusée[15],[16]. Notes et références
AnnexesDocumentaire télévisé
Émission radiophonique
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