Son œuvre la plus connue est la linogravureLibertad de expresión (1954) représentant un homme indigène bâillonné d'une chaîne avec un cadenas estampillé « USA », qui est devenue l'un des icônes des manifestations étudiantes de 1968 et a régulièrement été reprise dans divers mouvements sociaux de par le monde.
Mexiac est pendant environ vingt ans professeur de gravure et de dessin à l'Escuela Nacional de Artes Plásticas(es), remplaçant son maître Leopoldo Méndez[4], et en devient le secrétaire général pendant quatre ans[1],[5]. L'historienne de l'art Guillermina Guadarrama souligne l'importance de son enseignement, dont il tire la pédagogie et les connaissances de ses illustres professeurs, José Chávez Morado, Pablo O'Higgins, Alberto Beltrán, Francisco Díaz de León, Ignacio Aguirre[5]. C'est en voyant des œuvres de son élève que Beltrán l'invite à rejoindre le Taller de Gráfica Popular[4],[c]. Il y est actif de 1950 à 1960, où il apprécie le travail collaboratif et la grande influence de Méndez sur l'atelier et sur lui-même, estimant même que ce dernier le traite comme son propre fils[1],[4],[5]. Dans l'Atelier, il produit principalement des lithographies et des dessins qu'il fait ensuite graver, ou encore des linogravures[4].
En 1959, il participe à un festival de la jeunesse à Vienne (Autriche) — ceci étant la première fois qu'il part en Europe —, où sa gravure Libertad de expresión (Liberté d'expression, 1954) est utilisé par un mouvement social local[5].
Dans les années 1960, il travaille avec les photographes Mariana Yampolsky et Manuel Álvarez Bravo ainsi qu'avec Leopoldo Méndez au Fondo Editorial de la Plástica (Fonds éditorial des Arts plastiques)[5].
Adolfo Mexiac meurt à son domicile de Cuernavaca, où il a son atelier, le [5],[6].
Œuvre
Influencé par l'œuvre de José Guadalupe Posada, Leopoldo Méndez et José Chávez Morado, il croit en l'art, en particulier la gravure, avec un contexte social, déclarant que « si nous voulons faire de l'art révolutionnaire, nous devons avoir la gravure, ce noble moyen d'expression artistique qui a toujours rempli sa noble fonction de dénonciation, de lutte et d'encouragement d'une population largement exploitée »[3].
Adolfo Mexiac a exposé ses estampes, dessins et tableaux et a réalisé d'importantes peintures murales aux niveaux national et international[4],[7]. Il a notamment réalisé une gravure sur bois murale, Las Constituciones de México (Les constitutions du Mexique), située dans la Chambre des députés à Mexico[1] ; cinq peintures murales à l'université de Colima, dont El hombre y la mujer en armonía con su universo (L'homme et la femme en harmonie avec l'univers, 2002), créée sous forme de mosaïque de pierre avec du marbre, du tezontle, d'autres roches volcaniques et du ciment. Le thème de l'œuvre est l'histoire du droit dans l'humanité[8] ; La ayuda del hombre por el hombre (L'aide de l'homme par l'homme) à l'Instituto Nacional de los Pueblos Indígenas de Mexico ; Formación del Estado Mexicano au Centro de Estudio para la Reforma del Estado ; Los constitucionales de México (Les constitutionnels du Mexique) au Palacio Legislativo de Mexico(es)[7], qui a été accidentellement détruite puis refaite par Mexiac en 1992[3] ; Las Montañas de Michoacán (Les montagnes de Michoacán) ; et enfin on connaît également deux peintures murales de lui en Argentine[1],[9].
Son estampe la plus célèbre est la linogravureLibertad de expresión[10], réalisée en 1954 au Taller de la Gráfica Popular, représentant un homme indigène bâillonné d'une chaîne avec un cadenas estampillé « USA »[11]. Mexiac a expliqué que les artistes mexicains n'ont jamais réellement eu une totale liberté d'expression[9]. Elle est devenue l'un des icônes des manifestations étudiantes de 1968, aussi bien au Mexique qu'à Paris — où l'œuvre atteint sa plus grande popularité —, mais aussi plusieurs années plus tard, étant régulièrement repris dans divers mouvements sociaux de par le monde[5].
Ses sujets de prédilection sont cependant la campagne et ses habitants, étant lui-même originaire de ce milieu. Selon Guillermina Guadarrama[d], il ne les dépeint pas comme des miséreux, des victimes, mais au contraire heureux ou luttant pour leurs droits[5].
Expositions, rétrospectives et reconnaissance
Au cours de sa carrière, Adolfo Mexiac a présenté environ quatre-vingts expositions individuelles de ses œuvres, au Mexique et à l'étranger, dans des pays comme le Chili, la Belgique, le Japon et l'Italie[4],[7]. En 2010, il a présenté une exposition intitulée « Una reflexión sobre el Bicentenario » en l'honneur du bicentenaire de l'Indépendance du Mexique(es) au Musée national de l'aquarelle Alfredo Guati Rojo(es)[5]. En 2016, l'Institut polytechnique national rend hommage à l'artiste lors d'une rétrospective qui présente environ 200 œuvres, en sa présence[5].
Adolfo Mexiac a reçu plusieurs prix et médailles de diverses institutions telles que le Congrès de l'Union au Mexique, plusieurs universités, la République tchécoslovaque, la Bulgarie, la Casa de las Américas à Cuba (en 1964), ainsi que plusieurs prix du Salon des arts plastiques du Mexique[1].
En 2010, Othón Salazar tourne un documentaire sur lui intitulé Libertad de expresión de Adolfo Mexiac[11] et l'année suivante, un hommage national est rendu à l'artiste au Museo Nacional de la Estampa, avec une rétrospective qui a été montrée dans tout le pays et aux États-Unis[4],[5],[7].
↑Fondée en 1781, l'Académie des arts mexicaine dont le nom original complet est Academia de las Tres Nobles Artes de San Carlos: arquitectura, pintura y escultura de la Nueva España (Académie des Trois Nobles Arts de San Carlos : architecture, peinture et sculpture de la Nouvelle Espagne) devient l'Escuela Nacional de Artes Plásticas en 1933, avant d'être officiellement intégrée à l'Université nationale autonome du Mexique sous la forme de faculté d'Arts et de Design(es), en 2014[2].
↑L'Escuela de las Artes del Libro (école nationale des arts du livre) fait aujourd'hui partie de l'Escuela Nacional de Artes Gráficas (école nationale des Arts graphiques)[1].
↑Dans l'article de Judith Amador Tello dans Proceso, elle affirme que c'est Méndez qui l'invite au Taller de Gráfica Popular, mais Adolfo Mexiac explique lui-même que c'est Alberto Beltrán, et qu'il y va pour la première fois accompagné de ce dernier et d'Ignacio Aguirre[4].
(en) Guillermo Tovar de Teresa, Repertory of Artists in Mexico: Plastic and Decorative Arts, vol. II, Mexico, Grupo Financiero Bancomer, (ISBN968 6258 56 6).