L'abbaye de la Brayelle ou abbaye Notre-Dame-de-la-Brayelle d'Annay est une abbayecistercienne féminine. Fondée en 1196 dans la commune d'Annay (Pas-de-Calais), Elle ferme à la Révolution avec le départ des religieuses. Les biens et les terres sont revendus et dispersés.
Situation
L'abbaye était située sur la route menant de Lens à Lille, à environ un kilomètre du bourg d'Annay ; au milieu du XIXe siècle les aménagements ferroviaires ont modifié le lieu dont il ne reste qu'un champ et un lieu-dit « L'abbaye d'Annay »[1]ayant donné son nom au pont qui surplombe la route voisine.
Historique
Fondation
L'abbaye d'Annay est fondée en 1196, par trente moniales de Blendecques[2].
Moyen Âge
En 1218, l'abbaye des Prés de Douai, formée spontanément par des jeunes femmes douaisiennes, cherche à rejoindre l'ordre cistercien. L'abbé de Vaucelles demande à Élissende Dassonville, prieure de Brayelle[2], de prendre la tête de la nouvelle abbaye, afin d'y apporter les usages cisterciens[3] ; l'abbaye s'inscrit ainsi dans la filiation de la Brayelle[4].
Comme plusieurs autres abbayes de la région, l'abbaye de la Brayelle est en lien avec les châtelains de Lens, qui y jouent le rôle d'avoué[5].
Période révolutionnaire
Le , un inventaire général de l'état de l'abbaye est effectué. Il révèle qu'outre l'abbesse, Éléonore Hennecart de Briffoeil, âgée de 62 ans, la prieure et la sous-prieure, l'abbaye compte 26 religieuses de chœur (de 78 à 22 ans) et 17 converses. Toute la communauté désire poursuivre la vie religieuse dans le monastère ; elles ne quittent en conséquence l'abbaye qu'en , ultime terme fixé par la loi ; un certain Rohart est nommé administrateur. Le , le monastère est vidé de ses meubles, la vente comme bien national étant prévue pour le . Puis l'abbaye est entièrement pillée, le fruit des rapines emplissant soixante voitures. Une cinquantaine d'hommes sont envoyés pour garder ce qui reste et arrêter les coupables ; ceux-ci sont au nombre d'une vingtaine, dont le juge de paix, mais le procès s'achève sur un non-lieu[6].
La prieure Marie-Ghislaine Defontaine, ainsi qu'une moniale, Hombeline Le Couvreur, fuient pour la Belgique ; elles sont dans un premier temps accueillies à Maagdendale, mais doivent fuir à nouveau devant l'avancée des troupes révolutionnaires. Elles se réfugient alors à Himmelpforten(de), où elles demeurent jusqu'en 1796[4]. Avec d'autres moniales venant de La Woestyne et des Prés, Hombeline Le Couvreur sera à l'origine de la fondation des Cisterciennes bernardines d'Esquermes[7].
L'abbesse, pour sa part, se retire à Arras[4] ; mais elle est dénoncée comme aristocrate. Arrêtée, elle est jugée et acquittée par le Tribunal révolutionnaire d'Arras mais Lebon annule ce premier jugement et la fait à nouveau comparaître. Elle sera condamnée pour « soustraction de meubles de l’abbaye de la Brayelle et soutien aux prêtres déportés » et guillotinée le [8],[9].
Abbesses
Élissende Dassonville, première abbesse.
Marie-Ernestine du Béron (1677-1764), professe à l'abbaye de Marquette le , installée abbesse d'Annay par dom Nicolas du Béron, son cousin, abbé de l'abbaye Notre-Dame de Loos le , y décédée le , à 87 ans[10].
Marie-Philippine- Albertine-Éléonore Hannecart de Briffœil (1725-1794), religieuse puis abbesse. Lorsque l'abbaye est supprimée au moment de la Révolution française, elle se retire à Arras. Dénoncée au comité de surveillance comme anti-révolutionnaire, incarcérée, elle est relaxée en l'absence de Joseph Le Bon. Elle est de nouveau emprisonnée le . Accusée d'avoir soustrait des meubles de l'abbaye (l'abbaye avait été pillée), d'avoir déclaré qu'elle ne laisserait pas un sou à la nation, de s'être apitoyée sur le sort des prêtres déportés, elle est guillotinée à Arras le [11].
↑ ab et cMary-Colette Jordan, Les Cisterciennes bernardines d’Esquermes, 6 p. (OCLC20234091, lire en ligne), « Historique ».
↑Jean-Pierre Gerzaguet, « Le nécrologe de l'abbaye de moniales cisterciennes de Notre-Dame des Prés à Douai (fin XIIIe - début XIVe siècle) : présentation et commentaire », Revue du Nord, Université Lille-3, vol. n° 391-392, no 3, , Jalons pour un survol de l’histoire de l’abbaye au XIIIe siècle, page 820 (ISSN0035-2624, DOI10.3917/rdn.391.0815., résumé, lire en ligne).
↑P. Feuchère, « L'évolution institutionnelle de l'office de châtelain à Lens du XIIIe au XVe siècle », Revue du Nord, Persée, vol. 31, no 124, , p. 204 (DOI10.3406/rnord.1949.1980, lire en ligne).
↑J. Peter, « Chanoine Auguste Léman — Histoire de la fondation du Monastère N.-D. de la Plaine à Esquermes, 1927 », Revue du Nord, Persée, vol. 14, no 54, , p. 148-149 (lire en ligne).
↑Bernard Lefebvre, « La Terreur et ses victimes dans une ville de la frontière nord. L'exemple de Douai (juin 1793, juillet 1794) », Revue du Nord, Université Lille-3, vol. n° 342, no 4, , p. 777-800 (ISSN0035-2624, résumé, lire en ligne).
↑Paul Denis Du Péage, Recueil de généalogies lilloises, t. 2, 1906-1909 (lire en ligne), p. 458.
↑Paul Denis du Péage, « Recueil de généalogies lilloises - tome I », Recueil de la société d'études de la province de Cambrai, vol. 12, 1906-1909, p.75 (lire en ligne).
[Albert Demarquette 1885] Albert Demarquette, Cartulaire et abbesses de La Brayelle d'Annai : de 1196 à 1504, ou de Mme Liégarde de Grimberges à Mme Christine de Wallon-Capelle, I à XXIII, Lefebvre-Ducrocq, , 430 p. (ASINB001CBHJM8) ;
[Marcel Buquet 1983] Marcel Buquet, L'abbaye Notre-Dame d'Annay dite La Brayelle d'Annay : En complément à l'histoire de Vendin-le-Vieil, village d'Artois, Arras, , 82 p. ;
[Marie de la Trinité Kervingant 1989] Marie de la Trinité Kervingant, Des moniales face à la Révolution française : aux origines des Cisterciennes-Trappistines, Paris, Éditions Beauchesne, coll. « Religions, société, politique » (no 14), , 408 p. (ISBN9782701011820, OCLC20234091, lire en ligne) ;
[Marcel Buquet 1990] Marcel Buquet, « La condamnation à mort de Philippine Hennecart, dernière abbesse de La Brayelle d'Annay », Gauheria, no 22, , p. 30-32 ;
[Caroline Hermant 1999] Caroline Hermant, Les actes de l'abbaye cistercienne de La Brayelle d'Annay (1196-1262) : introduction critique et regeste, Lille, Université Lille III, , 141 p..