Les ‘Abābda (ou Ababdehs ou Ababda) forment un peuple de pasteurs nomades de religion musulmane qui occupait et parcourait le désert entre la vallée du Nil et la mer Rouge, vivant surtout dans le Nord-Est du Soudan et le Sud-Est de l'Égypte. Ils sont cette période-ci largement sédentarisés, soit le long de la mer Rouge soit le long de la vallée du Nil et beaucoup d'entre eux mènent une activité agricole sédentaire. Ils vivent ou vivaient d'une économie pastorale (ovins, caprins, camelins). Occasionnellement, certains vendent par ailleurs du charbon de bois à base d'acacias qui poussent dans le désert.
Leur origine est incertaine. Certains[Qui ?] pensent[réf. nécessaire] qu'ils descendent d'un peuple que les Romains connaissaient sous le nom de Blemmyes. D'autres encore, comme Wilhelm Peter Eduard Simon Rüppell (1794-1884), les considèrent descendants d'un peuple d'origine éthiopienne installé dans la région de Méroé[réf. souhaitée]. En 1851, lorsqu'ils furent décrits, leurs coutumes étaient similaires à celles de la société bédouine.
Ils formeraient un sous-groupe de l'ethnie Beja et comme eux ils parlent ou parlaient une langue couchitique du Nord, le beja (appelé tu bedawi par ses locuteurs beja)[2]. En situation de diglossie, ils pratiquent par ailleurs aussi et parfois d'abord l'arabe. Cependant, pour ajouter à la confusion sur leurs origines, certains groupes, en Égypte tout au moins, se réclament pleinement des Arabes, d'origine bédouine et donc de la péninsule arabe, et non pas Beja et donc d'origine africaine[3].
Dans les années 1990, leur nombre est estimé à plus de 250 000 personnes. Au cours des dernières décennies, ils se sont en Égypte de plus en plus intégrés au reste de la société nationale (qui demeure plurielle, avec une grande population nubienne), mais conservent leur identité.
↑Madiha Doss avec la collaboration de Vincent Battesti, 2011 — « Les pratiques linguistiques et leurs contextes sociaux » in Vincent Battesti & François Ireton (dirs), L'Égypte au présent, Inventaire d'une société avant révolution, Paris, Sindbad-Actes Sud, La Bibliothèque arabe, Hommes et Sociétés, p. 971-993 (ISBN978-2-7427-9780-6) Lire en ligne.
↑Vincent Battesti, Wādī Abū Ṣubeīra, février 2015, Synthèse de notes de terrain, Paris, Muséum national d'histoire naturelle, Musée de l'Homme, Rapport de terrain archéologique au Conseil suprême des antiquités (Égypte), non publié, , 36 p. (lire en ligne)
Annexes
Bibliographie
: document utilisé comme source pour la rédaction de cet article.
(en) Andrew Paul, A history of the Beja tribes of the Sudan, Cambridge, University Press, 1954, 163 p.
(en) James Stuart Olson, « Ababda », in The Peoples of Africa: An Ethnohistorical Dictionary, Greenwood Publishing Group, 1996, p. 1 (ISBN978-0-313-27918-8) .
(en) John Spencer Trimingham, Islam in the Sudan, Londres, 1949 (rééd. ultérieures).
Ernest Chantre, Les Bicharieh et les Ababdeh : Esquisse ethnographique et anthropométrique, A. Rey, Lyon, 1900, 21 p.
Une collection ethnographique des Ababdes et des Bicharins dans le Museum voor Land- en Volkenkunde, Rotterdam, 1957, 26 p.
Description des Ababdehs (in France militaire : histoire des armées françaises de terre et de mer de 1792 à 1837, ouvrage rédigé par une Société de militaires et de gens de lettres,… ; rev. et publ. par Abel Hugo, Delloye, Paris, 1838, p. 287)