La Ğ1 (prononcée en français « June », /ʒyn/) est une cryptomonnaieP2P basée sur le logiciel Duniter.
Son mécanisme de création monétaire est différent des autres cryptomonnaies[2],[3],[4]. Dans l'ouvrage théorique de Stéphane Laborde, « Théorie relative de la monnaie », paru en auto-édition en 2010, est présumé et décrit qu'il est possible d'accorder une part de création des unités monétaires de manière égale entre les individus, tout en respectant une symétrie spatiale et temporelle. Ainsi, tous les êtres humains peuvent obtenir le statut de membre sous réserve qu'ils intégrent la toile de confiance, et ainsi participent à la création monétaire tout en leur permettant de percevoir quotidiennement la même part de monnaie que les autres membres. Cela fait de la Ğ1 une monnaie à Dividende Universel (DU)[5],[6],[7],[8].
Cependant, l'usage de la monnaie Ğ1 n'est pas réservé aux membres de la toile de confiance, car l'ouverture de comptes sans formalités, dits «comptes portefeuille», est possible
sans limitation de nombre ou d'âge.
Fonctionnement théorique
Création monétaire
Concernant son procédé de création monétaire, la Ğ1 se distingue des autres cryptomonnaies en mettant en place une monnaie libre comme décrit dans la « Théorie relative de la Monnaie » (TRM) rédigée par Stéphane Laborde[9],[10],[11].
La TRM s’inspire du logiciel libre, elle présente donc quatre libertés économiques, comme axiomes de départ[12].
De ces quatre libertés découlent le fait que la monnaie ne doit pas être créée de manière centralisée, ni par des banquiers[13], ni par de puissants calculateurs. Ainsi, la monnaie doit être créée à parts égales par chaque utilisateur dans l’espace économique et dans le temps. C’est-à-dire que chaque membre humain de la monnaie libre doit créer la même portion de monnaie où qu’il soit, et à quelque époque qu’il soit.
Cette portion de monnaie doit être un coefficient de la masse monétaire divisé par le nombre de membres : c × (M/N). La théorie démontre qu’un coefficient élevé favorise les nouveaux entrants, un coefficient faible favorise les plus anciens. Une valeur autour de 10 % semble acceptable.
Cette création continue de monnaie (sans destruction apparente) entraîne automatiquement une augmentation perpétuelle de la masse monétaire. Pour que, quel que soit le moment chacun crée la même portion de monnaie, cette portion augmente proportionnellement autant. Ce qui entraîne donc une augmentation quantitative de la monnaie exponentielle.
La notion de relativité pointe le fait que ce n’est pas la quantité de monnaie qui importe, mais la part de la masse que chacun possède. C’est pourquoi, en monnaie libre, l’unité pour les échanges n’est pas le nombre d’unités, mais le nombre de portions que chacun possède. Quand on compte en nombre de portions il n’y a plus d’augmentation de la masse monétaire, mais une répartition régulière de cette masse.
Dividende universel
La création perpétuelle de monnaie par chacun des membres, devient donc un dividende universel. Ce dividende peut être vu comme un revenu de base[14],[15], mais n’est pas un revenu de suffisance (la suffisance étant subjective).
La création de monnaie est calculée pour être de 4,88 % tous les 6 mois (près de 10 % par an). Cette création est répartie sur chaque jour de l’année. Le montant du DU Ğ1 quotidien est réévalué à chaque équinoxe. Chaque membre de la toile de confiance voit son compte augmenter chaque jour d’un DU Ğ1.
1 DU Ğ1 par jour et par personne, c’est un invariant. Cet invariant sert d’unité d’échange pour exprimer les prix qui ne varient pas du fait de la masse monétaire. Si la Ğ1 semble inflationniste en quantitatif, elle ne l’est plus en relatif (quand on compte en DU Ğ1).
Cette augmentation perpétuelle de la masse monétaire fait que tous les comptes membres convergent peu à peu vers la moyenne de la masse monétaire divisé par le nombre de membres. Quand l'activité est neutre (les dépenses = les recettes) la moyenne est atteinte en 40 ans.
On peut constater que cette évolution n’est pas de 4.88 % par semestre. C’est parce que l’évolution tient compte du nombre de membres. Les 4,88 % seront atteint quand le nombre de membres sera stable.
Fonctionnement pratique
Dans la pratique, l'utilisation de la Ğ1, est similaire au fonctionnement d'un SEL, sans limite locale. Comme dans les SEL, ce sont les liens et les rencontres entre membres qui sont privilégiées.
Il n'y a pas de frais d'adhésion, tout le monde peut créer un compte, à partir du logiciel client[17].
Le mode d'émission de la Ğ1 dépassent certaines contraintes des monnaies locales sans autorisation de l'ACPR pour une émission dématérialisée. La construction de la toile de confiance de la Ğ1 qui implique des rencontres humaines participent à l’initiation d'échanges marchand locaux non professionnels. La Ğ1 répond donc aussi à certains objectifs de l'Économie sociale et solidaire[18].
Pour devenir membre cocréateur de monnaie, chaque membre doit être certifié par cinq autres membres au minimum. Les mineurs peuvent être certifiés par tout autre membre certifié qui peut attester les connaître suffisamment.
Cette toile de confiance a pour but d’identifier ses utilisateurs de façon totalement décentralisée, afin de limiter le faux-monnayage par l’usage de plusieurs comptes membres.
Plusieurs paramètres permettent à la toile de se prémunir de la fraude, entre autres de l’attaque Sybil. Ces paramètres pourront varier dans l'avenir par consensus établi entre les codeurs et mainteneurs de la chaîne des blocs Duniter.
Ces paramètres sont :
le nombre de cinq certificateurs minimum pour entrer dans la toile de confiance ;
Obtenir cinq certifications dans un délai de deux mois ;
le délai de cinq jours entre la prise en compte de deux certifications émise ;
la durée de deux ans de validité d’une certification ;
être à moins de cinq pas de 80 % des membres référents (les membres référents sont ceux ayant reçu et émis un certain nombre de certifications).
Licence monétaire Ğ1
La théorie relative de la monnaie ne contient que des règles concernant la création monétaire, tandis que la licence de la Ğ1 sert de mode d'emploi pour la création de comptes de membre, en particulier, les règles de sécurité que constitue la certification pour deux ans avec validation intermédiaire.
Lors de la création de compte membre de la toile de confiance Ğ1, les protocoles des logiciels clients spécifiques à la Ğ1 demandent à chaque personne de s’engager à respecter la licence monétaire Ğ1[19],[20].
Cette licence monétaire contient des règles et conseils à suivre qui permettent d’assurer à la communauté qu’une même personne physique ne puisse pas avoir plusieurs comptes membres créateurs de monnaie[21]. Ceci dans le but de contrer le faux-monnayage.
La licence explique également le fonctionnement de la création monétaire de la Ğ1.
Comment la monnaie Ğ1 se distingue-t-elle des autres cryptomonnaies
La monnaie Ğ1 se distingue des autres cryptomonnaies de plusieurs manières importantes :
Création monétaire égalitaire : contrairement à la plupart des cryptomonnaies, la Ğ1 est créée de manière égalitaire entre tous les membres via un Dividende Universel (DU) distribué quotidiennement. Cela signifie que tous les membres reçoivent la même quantité de monnaie, indépendamment de leur ancienneté ou de leur puissance de calcul.
Faible consommation énergétique : la Ğ1 est conçue pour être très économe en énergie. Elle peut fonctionner sur de petits appareils comme des Raspberry Pi, contrairement aux cryptomonnaies comme le Bitcoin qui nécessitent une puissance de calcul importante.
Toile de confiance : pour devenir membre co-créateur de monnaie, chaque personne doit être certifiée par au moins cinq autres membres. Cette toile de confiance est intégrée à la blockchain et vise à empécher la création de faux comptes.
Pas de spéculation : la création monétaire régulière et équitable de la Ğ1 la rend moins propice à la spéculation que d'autres cryptomonnaies.
Fondée sur la Théorie Relative de la Monnaie : la Ğ1 est fondée sur les principes de la TRM de Stéphane Laborde, qui vise à créer un système monétaire plus équitable.
Objectif social : La Ğ1 a pour but de créer du lien social, notamment à travers les rencontres physiques nécessaires pour intégrer la toile de confiance.
Licence monétaire : la Ğ1 dispose d'une licence monétaire spécifique qui définit les règles de création de comptes et de sécurité.
Approche communautaire : le développement de la Ğ1 et de son écosystème est largement porté par sa communauté, contrairement à de nombreuses cryptomonnaies gérées par des entreprises ou des fondations. Ces caractéristiques font de la Ğ1 une expérience unique dans le monde des cryptomonnaies, visant à créer un système monétaire plus équitable et démocratique.
Utilisation du DU comme jeton de vote quadratique
Le Dividende Universel (DU) de la Ğ1 pourrait être utilisé comme jeton dans un système de vote quadratique. Le vote quadratique permet aux participants d'exprimer l'intensité de leurs préférences en "achetant" des votes supplémentaires, le coût augmentant de façon quadratique. L'utilisation du DU Ğ1 comme monnaie de vote présenterait plusieurs avantages :
Égalité initiale : chaque membre recevant le même DU quotidien, tous partiraient sur un pied d'égalité.
Renouvellement régulier : la distribution quotidienne du DU permettrait des cycles de vote réguliers.
Valeur réelle : le DU ayant une valeur d'échange, les votes auraient un coût d'opportunité réel.
Décentralisation : le système serait cohérent avec la philosophie décentralisée de la Ğ1. Cette approche est particulièrement intéressante pour la gouvernance de projets liés à l'écosystème Ğ1, et offre un mécanisme de décision collective plus nuancé que le simple vote majoritaire.
Une cryptomonnaie, et en particulier une monnaie basée sur la théorie relative de la monnaie, se distingue par les paramètres qui définissent le taux de croissance de la masse monétaire et la manière dont un individu est déclaré comme membre de la toile de confiance.
Paramètres de la monnaie
Paramètres monétaires de la Ğ1
Paramètre
Symbole
Valeur
Croissance théorique cible par période de revalorisation
Duniter est l’implémentation originale des protocoles Duniter DUBP (blockchain) et DUNP (network) développés à la même occasion.
Elle implémente un nœud (ou serveur), cœur du réseau Ğ1 P2P qui synchronise et modifie la blockchain commune.
Fonctionnant dans l’environnement Node.js, Duniter était initialement écrit en JavaScript. Son code a été porté en TypeScript, et depuis la version 1.8.0, son code est porté en Rust à l’aide du bindingNeon.
G1nkgo est un portefeuille multiplateforme (web, app, linux...) dont l'objectif est d'être simple et d'accélérer son utilisation sur les marchés et auprès de personnes sans grandes connaissances en informatique[26].
En , il a été proposé de migrer de Duniter v1, implémentation from scratch, vers une seconde version fondée sur le frameworkSubstrate[32],[33]. La principale motivation avancée est la dépréciation de Duniter v1 devenu de plus en plus difficile à maintenir. Des avantages importants sont attendus : plus de maintenance de toute la gestion de la blockchain à l’exception des règles métiers liés à la Ğ1, la possibilité de monter en charge, une fréquence plus importante de création des blocs qui a lieu toutes les six secondes au lieu de cinq minutes, des logiciels clients plus rapides et plus riches en fonctionnalités.
Les nouveaux logiciels clients Ğecko, Tikka ont été créés pour gérer exclusivement de cette seconde génération de l’écosystème. Il est prévu que les clients Césium et Silkaj soient portés pour être compatible avec ce nouvel écosystème.
Accueil, critiques
Des critiques sont formulées sur les fondements théoriques relatifs à la TRM et aux réalisations détaillées de cette monnaie libre[34],[35].
La Ğ1 est un cas d’étude pour l’utilisation de la technologie blockchain pour faire communs[36].
↑Laurence Allard, « Cryptomonnaies: usages et pratiques », sur revue-progressistes.org, Science, Travail & Environnement. Revue soutenue par le Parti Communiste Français., (consulté le ).
↑Kim-Anh Lim, « L’argent fou − Les monnaies alternatives », Nexus, no 115, , p. 28,29,30,31
↑Tichit, Ariane (1970-....)., Les monnaies alternatives De la diversité monétaire à la diversité économique, Clermont-Ferrand, Presses universitaires Blaise Pascal, coll. « L'opportune » / Impr. Color Team, , 64 p. (ISBN978-2-84516-992-0, EAN9782845169920, lire en ligne), p. 43