Étiennette de BourgogneÉtiennette de Bourgogne
Étiennette de Bourgogne (morte après 1088) est une comtesse de Bourgogne par son mariage avec le comte Guillaume Ier de Bourgogne. Mariage et enfantsMariée à Guillaume Ier de Bourgogne, elle donne naissance à[1] :
Une filiation incertaineAucun document contemporain ne mentionne ses parents ou ne lui attribue une origine familiale. Depuis le XVIIIe siècle des historiens et des généalogistes ont tenté de combler cette lacune. Les certitudesAvec son mariage, les prénoms de Clémence, Raymond et Guisla (ou Gisèle) apparaissent dans la famille comtale de Bourgogne. Sa fille Clémence est, avec sa contemporaine Clémence d'Aquitaine, femme de Conrad de Luxembourg, la première noble à porter ce prénom en dehors du cercle pyrénéen. Rodrigue de Tolède mentionne dans ses Chroniques que le comte de Portugal Henri, issu de la maison ducale de Bourgogne est un congermanus (=cousin germain ou à la rigueur cousin issu de germain) de Raymond, fils de Guillaume et d'Étiennette, de la maison comtale de Bourgogne. Un des frères d'Henri, le duc Eudes Ier Borrell porte le même second prénom que plusieurs comtes de Barcelone : Raymond Borrell, Borrell II. L'origine de Sibylle, la mère d'Eudes et Henri, est également non mentionnées par les documents contemporains. Son épitaphe mentionne le titre de comtesse des Allobroges qui a été le sujet de plusieurs débats. Les Allobroges étant un peuple celte vivant autour de Vienne, certains historiens ont tenté de la rattacher à la maison comtale de Vienne. En fait il semble que ce terme soit un archaïsme équivalent au titre de comtesse de Bourgogne, qu’elle a obtenu par son mariage. L'hypothèse barcelonaise (Père Anselme - 1723)Argument : le premier à lui proposer une filiation est le Père Anselme (historien et généalogiste français) qui la dit issue du comte Raymond II de Barcelone, et de Sancie de Navarre, mais sans justifier cette affirmation[3].
Critique : malheureusement, le Père Anselme ne donne pas les raisons qui lui ont permis de proposer cette hypothèse. On suppose que c'est la présence du prénom Raymond parmi les enfants de Guillaume et d'Étiennette qui lui a fait formuler cette hypothèse. Mais le Père Anselme, pourtant généralement fiable, n'est pas très bien renseigné : le comte de Barcelone n'est pas Raymond II, mais Bérenger Raymond Ier, il donne Guillaume comme comte de Bourgogne et de Vienne, alors qu'il n'est que comte de Bourgogne et pas de Vienne[4]. Une autre hypothèse barcelonaise (Maurice Chaume - 1937)Argument : Maurice Chaume s'attaque au problème des relations entre la Bourgogne et l'Espagne, ainsi que de la relation de parenté (congermanus) entre Henri de Bourgogne (ducale), comte du Portugal et Raymond de Bourgogne (comtale), prince consort de Castille, qui épousèrent deux sœurs, filles du roi Alphonse VI de Castille. Il considère que la femme anonyme[5] d'Henri de Bourgogne, mère d'Eudes Ier Borrel, duc de Bourgogne, et d'Henri, comte de Portugal, est une petite-fille de Raymond Borrell (972-1017), comte de Barcelone, et d'Ermesinde de Carcassonne. Il poursuit sa démonstration en montrant que ces derniers ont une fille du nom d'Étiennette[6], (qui devient reine de Navarre par son mariage avec Garcia IV de Navarre) ; une nièce de cette Étiennette, Clémence, épouse, avant 1057, Ermengaud III (mort en 1065), comte d'Urgell. Il rapproche alors ces prénoms d'Etiennette de Clémence présent dans la famille de Barcelone à Clémence, fille de Guillaume de Bourgogne et d'Etiennette. Il conclut alors à la parenté entre Raymond de Bourgogne-Comté, (tige des rois de Castille) avec Henri de Bourgogne-Duché (tige des rois de Portugal) de la façon suivante : Deux enfants, issus du mariage (c.a. 1000) de Raymond Borrell de Barcelone (972-1017) et de Ermesinde de Carcassonne :
Mais Maurice Chaume termine en rappelant que ce ne sont là que des hypothèses et la moindre charte venue de Barcelone, de Carcassonne ou d'Urgel ferait bien mieux l'affaire[7].
Critique : L'ascendance maternelle d'Eudes Borrel ne pose pas de problème, mais toutes les ascendance barcelonaises posent les mêmes problèmes (voir plus bas la critique de la thèse d'A. Beau). L'hypothèse lorraine (Szabolcs de Vajay - 1960)Argument : en 1960, Szabolcs de Vajay a proposé l'hypothèse de l'origine lorraine d'Étiennette en se basant sur des papiers du généalogiste Pierre Chifflet, conservés à la Bibliothèque Nationale et qui, parlant de Guy de Bourgogne (futur pape Calixte II et fils d’Étiennette), le disaient d’une origine tant bourguignonne que lorraine. Il avait également fait un rapprochement entre Étiennette, dont une des filles se prénomme Clémence et Ermesinde, épouse d’un duc d’Aquitaine et mère de Clémence d'Aquitaine, comtesse de Luxembourg par mariage. Ces deux Clémence sont les deux premières princesses de ce prénom en dehors du domaine pyrénéen d’où elles sont issues. Clémence, comtesse de Luxembourg, est également qualifiée de comtesse de Longwy. D’après Laurent de Liège, le possesseur de Longwy en 1047 était le duc Adalbert de Lorraine. Szabolcs de Vajay en avait déduit qu'Etiennette et Ermesinde étaient toutes deux filles d’Adalbert, duc de Lorraine. Pour expliquer l’apparition du prénom Clémence parmi leurs filles, il avait considéré qu’Adalbert avait épousé une Clémence, qu’il considérait issue de la maison de Foix[8].
Critique : Il a été établi en 1987 que le document de Pierre Chifflet ne concernait pas le futur pape, mais un de ses neveux, fils de Thierry Ier de Montbéliard (issu des comtes de Bar et d’une sœur de Calixte II). D’autre part, Longwy à cette époque n’appartient pas aux ducs de Lorraine, mais aux comtes de Luxembourg, et il est probable que Laurent de Liège ait été victime de confusions entre Ermesinde, mère de Clémence d'Aquitaine, et Ermesinde de Luxembourg, fille de cette même Clémence d'Aquitaine et mariée à Adalbert, comte de Dabo et de Longwy. Ces critiques réduisent donc à néant la thèse de l’origine lorraine, qui est maintenant abandonnée[9]. L'hypothèse barcelonaise modifiée (A. Beau - 1988)Argument : à la suite de l'abandon de l'hypothèse lorraine, A. Beau a repris le Père Anselme, en disant que ce dernier avait certainement de bonnes raisons de proposer la filiation barcelonaise. Il modifie toutefois la filiation, en faisant remarquer qu’une des filles se nommant Guisla (Gisèle), elle était plus probablement née du second mariage de Bérenger Raymond Ier avec Guisla de Lluça[10].
Critique : le principal reproche fait à cette hypothèse est de trop faire confiance au Père Anselme, qui a manifestement une documentation insuffisante et qui ne justifie pas sa proposition (voir plus haut). De plus, si Etiennette avait transmis les prénoms de Barcelone à la famille comtale de Bourgogne, on devrait s'attendre à voir dans cette famille des Bérenger plutôt que des Raymond. Une troisième critique a été avancée en prenant compte de la parenté qui aurait dû empêcher le mariage entre Eudes Borrel, duc de Bourgogne, et son épouse Sibylle de Bourgogne Comté[11], mais d'une part, cette parenté est bien réelle, puisque Henri, frère d'Eudes Borrell est qualifié de congermanis de Raymond, frère de Sibylle et d'autre part, aux dires de Maurice Chaume, « On sait que la réforme canonique sur les empêchements de mariage resta lettre morte en Espagne et dans la région pyrénéenne »[12]. L'hypothèse fuxéenne (Christian Settipani - 2004)Argument : En fait, la plus ancienne femme connue à porter ce prénom de Clémence est la femme du comte Bernard II de Bigorre, frère et cousin probable de deux Étiennette[13], frère et neveu de deux Ermesinde et petit-neveu de Guila de Melgueil et père d’un Raymond. Ces différentes rencontres onomastiques permettent de proposer le comte Bernard II de Bigorre, et Clémence comme parents d’Étiennette, comtesse de Bourgogne, et d’Ermesinde, duchesse d’Aquitaine. Christian Settipani propose de voir en Clémence une fille de Raymond Borrell, comte de Barcelone, donc une petite fille de Liedgarde, épouse Borrel II. Le nom de cette dernière montre une origine auvergnate, où les Étienne sont nombreux, expliquant ainsi l'origine onomastique du prénom Étiennette dans les familles barcelonaise et fuxéenne[14].
Notes et références
AnnexesBibliographie
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