Éric Charden naît à Haïphong, au Tonkin (nord de l'actuel Viêt Nam), d'un père français et d'une mère tibétaine[2] (Indochine 42 comporte un hommage à sa mère). Il passe les sept premières années de sa vie au Tonkin et quitte le pays avec sa mère pour Marseille : son père, ingénieur en chef des ports de France et d'outremer, reste sur place et ne reviendra en France qu'en 1954 à la suite de l'indépendance du Viêt Nam.
Après avoir obtenu son baccalauréat, il monte à Paris pour poursuivre ses études. Il décide de se consacrer totalement à sa passion, la musique, et enchaîne les petits boulots pour gagner sa vie. Il vit chez un peintre Henri Mahé (le « Riton la barbouille » du Voyage au bout de la nuit) où il rencontre Pierre Bourgeois de Pathé-Marconi un patron de maison de disques qui lui met le pied à l'étrier.
Le hasard lui ouvre les portes du show-biz lors d'une rencontre avec Pierre Bourgeois, ancien président de Pathé-Marconi[3]. En 1963, il sort son premier 45 tours composé de quatre chansons : Symphonie en bleu – Casoar / Toi - Quatre cent vingt. La même année, il est récompensé par le premier prix du festival d’Enghien pour la chanson Le Printaniste. Peu après sort son premier album, J'ai la tête pleine de Provence. Deux ans plus tard, il connaît son premier succès avec Amour limite zéro.
Contrairement à de nombreuses vedettes françaises des années 1960, qui adaptent et reprennent des chansons anglo-saxonnes, il préfère se créer un répertoire original en s'inspirant de nouvelles sonorités[réf. nécessaire].
En , au Bus Palladium, étant membre du jury de l’élection de Miss Beatnik, il rencontre la lauréate Annie Gautrat, tout juste âgée de dix-huit ans, qu'il retrouve plus tard à son retour d’un séjour en Angleterre. Charden écrit deux chansons originales et adapte deux titres des Beatles pour le premier 45 tours d’Annie, rebaptisée Stone pour sa coiffure en référence à celle du fondateur des Rolling Stones, Brian Jones[4]. Ils se marient ensuite.
Avec Monty, il écrit Le monde est gris, le monde est bleu, sorti en 1967, ce qui lui permet de s'internationaliser puisqu’il l’interprète en italien, espagnol et allemand. Cette même année, toujours avec Monty, il coécrit la chanson Mais quand le matin qu’il propose à Claude François[5],[6]. Charden ayant dissimulé la participation de Monty à cette chanson[7], ce dernier n’a pas été crédité et mit fin définitivement à une collaboration de deux ans[8].
Entre 1971 et 1975, Stone et Charden, qui se sont associés, écument les scènes de France et accumulent les tubes et les disques d’or. Devenus phénomènes de société, ils véhiculent, sans le vouloir, l'image du bonheur parfait. La naissance de leur fils Baptiste en ne fait que renforcer cette image. Cependant, Éric Charden ne veut pas se laisser enfermer dans un style duo et sort en 1974 l’album 14 ans, les Gauloises, écrit avec Guy Bontempelli.
Il crée deux autres comédies musicales, L'Opéra vert et La Cinquième Dimension, qui rencontrent des problèmes de production mais dont il reste les disques.
À la fin des années 1970, à l'instar de Claude François, il incorpore des éléments disco dans certains de ses tubes comme L'Été s'ra chaud (1979).
En tandem avec Didier Barbelivien, il diversifie également sa palette de compositeur en créant et interprétant les thèmes musicaux français de séries japonaises de science-fiction, dont le dessin animé Albator, le corsaire de l'espace en 1979 — on lui doit aussi le nom de baptême « Albator », alors internationalement distribué sous le nom de « Captain Harlock » —, ainsi que la série liveSan Ku Kaï, en 1980. Sans forcément avoir été médiatisés avec son nom, les génériques disco de ces séries futuristes restent très présents dans la mémoire des francophones nés dans les années 1970.
Au tournant des années 2000, il est d'ailleurs ouvertement associé au phénomène culturel nostalgique de « revival cathodique » pour jeunes trentenaires, souvent désigné par l'expression « Génération Albator ». À ce titre, en 1999, Charden sort un nouveau générique d’Albator avec une instrumentation dance intitulé Albator 2000.
En 2001 paraît La Baraque au néon, conte onirique et surréaliste sur le thème de la naissance et de la renaissance, de même que Le monde est gris, le monde est bleu, recueil de maximes, d'aphorismes, illustrés de ses peintures. En 2007, il intègre la saison 2 de la tournée Âge tendre et Têtes de bois, où il chante avec Stone et présente aussi ses propres chansons. Le duo poursuit la tournée jusqu'en 2010, puisqu'ils participent aux saisons 3 et 4.
Il signe la même année avec le marchand de tableaux Cortade Art, un contrat d'exclusivité pour l'exposition de ses différentes œuvres graphiques, « Fractures », peintures, dessins, pastels, désormais exposées en Europe, aux États-Unis, en Chine[9]. En avril, il présente aux médias son nouvel album avec Stone, Made in France, reprise de duos célèbres[10]. En mai paraît son autobiographie, De l'encre sur les doigts, écrite avec la collaboration d'Alain Vernassa[11].
Vie privée
Éric Charden a trois enfants : Baptiste (né en 1972) avec sa première femme, Annie Gautrat (Stone), dont il se sépare en 1974 ; Maxime (né en 1976) avec Pascale Rivault ; puis Nolwenn (née en 1998)[12], avec Bénédicte, sa compagne d'alors, dont il a la garde exclusive en 2000[2].
Il se remarie en avec Gabrielle qui l'accompagne jusqu'à sa mort[12].
Il a écrit et chanté des génériques pour les séries animées suivantes : Albator, le corsaire de l'espace, San Ku Kaï et Onze pour une coupe, ainsi que certains thèmes constituant leurs bandes originales respectives :
Durant sa longue carrière, il a eu souvent l'occasion de chanter dans diverses langues en anglais et notamment en italien dans les années 1960 et 70.
Au Royaume-Uni, dans la langue de Shakespeare, en 1969, il interprète One love, one life en face A et Sorrow is My Name en face B, la face A est composée par Tommy Scott et la face B est composée par le trio Charden - Tommy Scott - E.Stevens, un 45 tours pour le compte du label Major Minor (référence : MM 596).
De plus, plusieurs de ses 45 tours sont sortis dans des pays francophones comme la Belgique ou au Canada avec succès.
Pour sa carrière italienne, voici ci-dessous une liste non exhaustive de plusieurs titres interprétés en italien, chantés et/ou composés par Éric Charden, il y a parmi eux aussi quelques succès[16].
↑Olivier Delavault, Claude François l’intelligence populaire en chansons, éditions du Rocher, (ISBN978-2-268-108513), janvier 2023, p. 238 : « À l’écoute de ladite mélodie, Monty reconnait le thème Au matin, une partie de l’œuvre de Edvard Grieg appelée Peer Gynt. C’est pourquoi Monty, qui a écrit les paroles du refrain, évoque… le matin ! »
↑Monty et Michel Bourdais, Ma vie en vert, du showbiz au chaudron, Éditions and Co (ISBN978-2-916493-51-0), juillet 2017, p. 96 : « Sûr de cette intuition je (Monty) me mis au piano pour développer ce climat d’angoisse dû à la fantasmagorie de la nuit pendant qu’Éric (Charden) se colla aux paroles. »
↑Monty et Michel Bourdais, Ma vie en vert, du showbiz au chaudron, Éditions and Co (ISBN978-2-916493-51-0), juillet 2017, p. 98 : « La vérité, selon l’explication que me donna Charden lui-même, c’est qu’il m’avait blousé sans véritablement le vouloir. À la question de Claude : « t’es seul sur le coup ? », il m’assura qu’il avait répondu « oui » spontanément, sans réfléchir, trop content que Claude aime la chanson. »
↑Monty et Michel Bourdais, Ma vie en vert, du showbiz au chaudron, Éditions and Co (ISBN978-2-916493-51-0), juillet 2017, p. 99 : « Dois-je préciser que notre collaboration s’est arrêtée là ? J’y mis fin sur le champ. » Et p. 100 : « Quand je fais les comptes, notre collaboration ne dura que deux ans à peine. Dommage, car j'ai vraiment aimé bosser avec Charden. »