T.H.U.N.D.E.R. Agents est une bande dessinée américaine créée par Wallace Wood pour le compte de la maison d’édition Tower Comics (1965-1969). Cette série allie à la fois le concept des super-héros et celui de l’espionnage. Disparue après la déconfiture de Tower Comics, cette série a, malgré sa brièveté, marqué son lectorat. Il fut ainsi question de la reprendre chez Atlas/Seabord au milieu des années 70 ou encore pour la revue Penthouse. Ce fut finalement le cas chez JC Comics puis De Luxe Comics en enfin DC.
Entre-temps la fameuse collection DC Archives a réédité les épisodes originaux en sept tomes qui se sont littéralement arrachés[1].
L’idée de départ
Au milieu des années 60 la mode est aux super-héros et aux agents secrets. Batman triomphe à la TV américaine et James Bond le fait au cinéma. L’idée est donc de réconcilier ces deux univers et de le faire sous l’égide de l’ONU. Cette idée d’agence internationale existe déjà dans la série télé Des agents très spéciaux (The Man from U.N.C.L.E. de 1964 à 1968) sous le nom d’U.N.C.L.E. (United Network Command for Law Enforcement). Cette nouvelle agence fictive s’appellera donc T.H.U.N.D.E.R. pour The Higher United Nation Enforcement Reserves. L’objet de cette agence est de préserver la paix et particulièrement d’éviter toute guerre entre États-Unis et Union Soviétique.
Initialement les membres de cette agence ne sont pas des super-héros mais des hommes que le progrès scientifique transforme en super-héros.
Les personnages
Dynamo : Leonard Brown[2] est à l’origine un agent secret qui grâce à une « ceinture d’intensificateur de molécules » permet d’accroître le volume du corps et de le rendre invincible. Petit gag de Wallace Wood puisque Len Brown était surtout l'un des scénaristes de la saga.
No Man : Dr Dunn, savant de 76 ans, a transféré son cerveau dans un cyborg grâce à l’aide du Pr Emil Jennings[3]. Cette faculté lui permet donc de changer de corps/robot à chaque fois que son enveloppe cybernétique est endommagée. Qui plus est, une cape lui assure l’invisibilité.
Menthor : John Janus hérite d’un casque inventé par le Pr Jennings, outil qui lui permet de lire dans la pensée des autres mais aussi d’avoir une force magnétique (sorte de télékinésie). À l’origine il s’agit d’un agent double, infiltré pour saboter l'agence.
Tels sont les 3 premiers super-héros à apparaître dès le # 1.
Lightning : Guy Gilbert se voit au #4 confier un costume qui lui permet de courir « à la vitesse de l’éclair » avec pour inconvénient majeur de le faire vieillir prématurément à chaque utilisation.
Raven : Craig Lawson récupère au #8 un appareillage lui permettant de voler et de devenir le Raven.
Les autres membres « humains » de la Thunder Squad :
Daniel John Adkins[4], surnommé Dynamite est une force de la nature, spécialisé dans l’armement.
Kathryn Kane surnommée Kitten, multi-spécialiste en fonction des besoins scénaristiques, est l’une des touches féminines de l’histoire.
William Wylie, surnommé Weed, est un expert en serrures et autres fermetures lui permettant de s’introduire à peu près n’importe où.
James Andor, surnommé Egghead, est un esprit universel doublé d’un brillant stratège.
Signalons également la présence au #13 de Davy Jones membre de l’U.N.D.E.R.S.E.A. (United Nations Department of Experiment and Research Systems Established at Atlantis), autre série de Tower Comics[5].
Warlord est le chef des ennemis. Il dirige les sub-terriens qui veulent quitter les entrailles de la Terre pour s’installer à l’air libre. Provoquer des guerres entre les nations est donc un moyen d’affaiblir leurs adversaires. Iron Maiden, fidèle lieutenant du Warlord, est plus ou moins amoureuse de Dynamo qui le lui rend bien.
La série originelle
Tower Comics lance la revue avec un prix double que celui usuellement pratiqué à l’époque (25 cents au lieu de 12) mais avec une pagination double également ce qui permet d’offrir davantage d’histoires aux lecteurs et d’installer plus rapidement la série.
Chaque numéro voit au moins un récit consacré à la Thunder Squad dans son ensemble mais on trouve aussi des histoires où apparaissent un seul des Agents, c’est le plus souvent Dynamo et NoMan assurément les plus populaires parmi les lecteurs.
Le succès est tel que Tower Comics lance deux revues uniquement consacrées l’une à Dynamo, l’autre à NoMan.
Le groupe connaît toutefois de vraies difficultés financières et à partir du #17 le nombre de pages passe de 68 à 52 pages alors que le prix est maintenu. Les numéros n’offrent plus seulement des histoires exclusives mais aussi des reprises des premiers numéros.
La crise est telle que le #17 daté de sera bien sûr suivi du #18 mais … en [6]. Si le #19 suit presque immédiatement (), le #20 se fera attendre en . Ce dernier volet n’étant constitué que de reprises à une exception près.
Entre-temps le comics Dynamo n’aura fait l’objet que de 4 # assez espacés (-) et Noman aura eu une existence encore plus courte de 2# ( et ).
Scénaristiquement les histoires n’étaient pas de simples récits de super-héros. Outre le fait que les aventures étaient parfois basées sur des éléments de géopolitique, néanmoins de pacotille, la série offrait des nuances, relatives certes, qu’on ne trouvait pas dans les comics de l’époque. Dynamo laisse ainsi à plusieurs reprises s’échapper la « méchante » Iron Maiden dont il est plus ou moins amoureux. Menthor est une sorte de Dr Jekyll & Mr Hyde inversé, etc.
Qui plus est, les auteurs n’hésitent pas à tuer des personnages ce qui est très exceptionnel à l’époque.
Dès le #2 James Andor est tué. Tout comme Menthor au #8, ce qui nous vaut une scène d’enterrement qui fait encore aujourd’hui débat chez les fans.
La tentative d’Atlas/Seabord
Martin Goodman qui avait quitté Marvel fortune faite décida d’attaquer de front son ancienne maison en créant une société concurrente qu’il est coutume d’appeler Atlas/Seabord pour ne pas la confondre justement avec l’ancien nom de la Marvel (Atlas). Jeff Rovin, bombardé rédacteur en chef du nouveau groupe étudia la question et proposa de reprendre les droits et de réembaucher les artistes mais Goodman ne suivit pas[7].
JC Comics
John Carbonaro racheta les droits et lança une nouvelle série en intitulée T.H.U.N.D.E.R. Agents[8] parallèlement à une autre revue[9] qui reprenait exclusivement les épisodes de Tower Comics. Malheureusement, la solidité financière de la nouvelle maison d’édition était très relative et le #2 sortit en . Ce fut d’ailleurs le dernier numéro. La fin d’une des histoires sera publiée dans le #12 de Blue Ribbon Comics du groupe Archie en .
Deluxe Comics
Créé en 1984, Deluxe Comics lança en Wally’s Wood T.H.U.N.D.E.R. Agents[10]. C’était rendre ainsi hommage au créateur initial qui s’était suicidé quelques années auparavant. La société n’était pas beaucoup mieux armée financièrement et le #3 parut 10 mois après le précédent (). Le #4 est daté de février 1986 mais le #5 (et dernier) d’. Difficile donc de constituer un lectorat fidèle avec des parutions aussi erratiques.
Solson Publications
Nouveau projet d’une nouvelle maison d’édition. Cette fois-ci c’est surtout NoMan qui devait servir de locomotive à l’ensemble. Prévue sur 4 #, la publication, Thunder[11] (sans les points !), s’arrêta dès le #1.
Différentes tentatives eurent lieu par la suite mais aucune ne fut couronnée de succès.
DC
Au début des années 2000 DC chercha à racheter les droits à Jeff Carbonaro. Après quelques essais de démonstration, celui-ci refusa net estimant que les projets de DC étaient trop éloignés de l’esprit de la série d’origine[12]. DC obtint néanmoins en compensation les droits de réédition des histoires de Tower Comics pour sa collection DC Archives[13]. Les 6 tomes qui composaient l’édition originale (2002-2006) furent complétés en 2011 par un 7e volume qui reprenait cette fois les histoires de De Luxe Comics.
La mort de Jeff Carbonaro en 2009 débloqua la situation et DC a pu mettre la main sur les droits de la série. En fut lancé un T.H.U.N.D.E.R. Agents[14] new look, Lightning et Dynamo se faisaient rapidement tuer pour être remplacés par de nouveaux personnages reprenant leurs costumes. Même chose pour Menthor qui est ressuscité, intégration de nouveaux agents de l’U.N.D.E.R.S.E.A., arrivée d’une nouvelle héroïne dont on apprend qu’elle est la fille de Dynamo et… Iron Maiden, etc. Carbonaro n’avait sans doute pas tort de se méfier. Quoi qu'il en soit après une série de 10 # (janvier-octobre), DC a fait paraître une nouvelle mini-série de 6# en 2012 (janvier-juin)[15].
La revue s'intitulait Tonnerre, traduction du mot anglais "Thunder" (le parti a été pris de traduire les noms des personnages: Eclair pour Lightning par exemple). Elle parut durant 10 numéros, de à [16],[17].
Editorialement, la revue reprenait indifféremment des histoires tirées des 3 séries de l'univers T.H.U.N.D.E.R. Agents (T.H.U.N.D.E.R. Agents,Dynamo, NoMan), et de pllus sans respecter l'ordre de parution originel.
Pour la petite histoire ce fut la première à publier exclusivement des histoires de super-héros, avant les éditions Lug, elles aussi basées à Lyon.
Histoires publiées chez Tower Comics
Les participants, principalement des dessinateurs, sont :
Menthor: "The Carnival of Death" 10 Dessins : John Giunta/Carl Hubbell
NoMan: "To Fight Alone" 10 Dessins : Steve Ditko Scénario : Steve Skeates
Couverture : Wood & Adkins/Wood & Adkins
Dynamo: "Wanted: Leonard Brown,Code Name 'Dynamo', Suspicion of Treason" 10 Dessins : Wood, Adkins & Ralph Reese/Wood & Adkins
Lightning: "The Warp Wizard's Revenge" 10 Dessins : Sekowsky/Giacoia Scénario : Steve Skeates
THUNDER Agents: "Subterranean Showdown" 10 Dessins : George Tuska
NoMan: "To Be Or Not to Be" 10 Dessins : John Giunta/Sal Trapani Scénario : Bill Pearson
Menthor: "A Matter of Life and Death" 10 Esquisses: Wally Wood & Dan Adkins Scénario : Wood & Adkins Dessins: Steve Ditko Encrage: Wally Wood & Dan Adkins
Couverture : Wally Wood
Dynamo: "Thunder In the Dark" 10 Dessins : Wood, Adkins & Reese/Wood & Adkins
NoMan: "The Pyramid of the Warlords" 10 Dessins : John Giunta/Joe Giella Scénario : Bill Pearson
Lightning: "The Blue Alien" 10 Dessins : Sekowsky/Giacoia Scénario : Steve Skeates
Raven: "Enter... The Raven" 10 Dessins : George Tuska Scénario : Steve Skeates
THUNDER Agents: "Final Encounter" 11 Dessins : Dan Adkins/Wally Wood & Dan Adkins
Couverture : John Giunta/Wally Wood
Dynamo: "Corporal Dynamo, U.S.A." 10 Dessins : John Giunta/Wally Wood
Lightning: "Andor" 10 Dessins : Mike Sekowsky/Frank Giacoia & Joe Giella
NoMan: "The Secret of Scorpion Island" 10 Dessins : John Giunta
THUNDER Agents: "The Black Box of Doom" 10 Dessins : Dan Adkins/Chic Stone
T.H.U.N.D.E.R. Agents: The Best of Wally Wood, IDW Publishing, 2014 (Relié ; 148 p. ; (ISBN978-1613779545) ; 27,9 x 18,5 x 1,8 cm)
Wally Wood’s T.H.U.N.D.E.R. Agents: Artist’s Edition Portfolio, IDW Publishing, 2016 (Sélection de planches de Wally Wood, scannées à partir des originaux et imprimées en taille réelle.)