Fernand XauFernand Xau Portrait photographique de Fernand Xau par l’atelier Nadar.
Signature dans l’album Mariani. Fernand Arthur Pierre Xau, né le à Nantes et mort le à Grasse, est un journaliste français, fondateur du quotidien Le Journal. BiographieFils d’un ouvrier voilier et d’une exploitante de magasin de chaussure, Xau avait été destiné à l’industrie. Lors de la guerre de 1870, son père, désireux de lui épargner les fatigues du métier à tisser, l’a placé, comme employé, dans une grosse société de constructions navales de cette ville où, il rédigeait, déjà, une petite feuille qu’il faisait circuler, manuscrite, parmi les employés de la maison. Sa verve satirique s’exerçait avec une bonne humeur qui, mal appréciée, l’a fait congédier[1]. Son père l’ayant ensuite envoyé à Limoges, à l’usine du Creusot, il a été employé, pendant quelques mois, à la comptabilité, il s’est montré plus assidu à chroniquer sur son entourage qu’à aligner des chiffres sur les livres. Revenu à Nantes, âgé de 20 ans, il y a créé de petites feuilles satiriques, l’Étincelle, la Silhouette, feuilles d’un jour, qu’il rédigeait seul, et qui ont préludé à son entrée au Phare de la Loire, où l’on se rappelait toujours, après un quart de siècle, sa spirituelle collaboration. Il a été le type du reporter, toujours à l’affut de l’information sensationnelle, courant, le carnet à la main, à la source des nouvelles, voyant, observant, notant, et, le lendemain, servant à ses lecteurs le « plat du jour » où son esprit avait ajouté les épices convenables. Il n’est pas non plus resté étranger à la politique : ayant fait campagne, au nom du Phare de la Loire, qui l’avait détaché à la Roche-sur-Yon, au moment de la crise du 16 mai 1877, il y a gagné ses éperons de polémiste[1]. Après avoir lancé, à Nantes, en 1874, à la Lorgnette, un petit journal local des théâtres, qui n’a vécu que deux ans[2], il a fondé, dans la même ville, le Foyer, publication littéraire qui n’a vécu aussi que peu de temps[3]. Monté à Paris après la chute du Foyer, incapable de rentrer dans un journal parisien, il a créé la Cravache[a], puis l’Éclair[4]. L’Éclair se vendait bien en kiosque mais, pourchassé par ses créanciers, les collaborateurs, l’imprimeur, réclamant de l’argent, il a eu l’idée, pour sortir d’embarras, de supprimer le journal, pour reparaitre dans quelque temps sous un autre titre[4]. Sur ces entrefaites, des élections avaient eu lieu, le . Recommandé à l’un de ses compatriotes, Charles-Ange Laisant, qui venait de débarquer comme député de la première circonscription de Nantes, il a été accepté, séance tenante, comme secrétaire à trente francs par mois. Ce poste modeste lui a permis de se créer des relations dans le monde politique et parlementaire, jusqu’au jour où il a été remercié pour avoir failli égarer le courrier dans un fiacre[4]. De nouveau à la recherche d’une position dans le journalisme, fréquentant le café de Madrid, le café de Suède, les brasseries du faubourg Montmartre, il a d’abord collaboré à quelques petits journaux, puis au Triboulet, avant de se lier avec un reporter du Voltaire et fait du reportage avec lui[4]. Bientôt entré dans ce journal pour son propre compte, le , il a été chargé des échos et des faits divers. L’interview venant d’être inventée, il s’est jeté à corps perdu dans ce genre d’information auquel il a donné un développement extraordinaire. Ayant trouvé sa voie, il est ainsi devenu le prince du reportage, le roi de l’interview, se rendant notamment célèbre avec celle d'Émile Zola à domicile, parue en page 2 du Gil Blas du . Après avoir été le correspondant du Voltaire pendant la campagne de Tunisie, il est revenu sur le boulevard, avec la rosette du Nichan Iftikhar à la boutonnière, avant de revenir à l’interview qui faisait sa réputation. Du Voltaire, il est alors passé au Gil Blas, faisant le voyage de Lisbonne pour assister à des fêtes royales et rentrer par l’Espagne, après avoir interviewé le maréchal Bazaine, où il vivait en exil après s’être évadé du fort royal de l'île Sainte-Marguerite où il était incarcéré. Allant, dès lors, de succès en succès, il a gagné beaucoup d’argent, s’installant dans un appartement confortable, où faisaient antichambre les directeurs de théâtres, les littérateurs, les artistes, les célébrités du jour. Il était devenu, dans son genre, une célébrité lui-même. Devenu personnage influent, Le solliciteur d’autrefois recevait, à son tour, les sollicitations. Il a ensuite l'idée de créer un « journal littéraire d’un sou » destiné aux petits commerçants, aux instituteurs, aux ouvriers et aux employés et fonde Le Journal, le . Il s’attache alors les meilleurs plumes de Paris à des tarifs qui font frémir tous ses confrères[5] : Octave Mirbeau, Maurice Barrès, Émile Zola, Bernard Lazare, Paul Adam, Remy de Gourmont, Léon Daudet, Jules Renard, Raoul Ponchon, Paul Brulat, Alphonse Allais, Georges Courteline ou encore Georges Clemenceau. Ce journal littéraire de tendance républicaine sera l'un des quatre plus grands quotidiens français d’avant-guerre. Sous son impulsion, Le Journal ne tarde pas à se faire une place importante dans la presse fantaisiste quotidienne, avec un tirage de 450 000 exemplaires à la fin du XIXe siècle. Il a associé, sans rancune, l’ancien député Laisant à son œuvre en le prenant pour collaborateur. Apprenant que la revue littéraire Gil Blas, qui avait notamment publié Maupassant, Musset et George Sand, est en difficulté financière, il rachète la publication où il avait débuté comme simple reporter et, revenu comme directeur, lui rend sa prospérité. En 1893, il lance un supplément illustré, Le Journal pour tous, qui est suspendu en 1906[6]. Il a également donné des articles remarqués au Télégraphe, aux Droits de l’homme, au Mot d’Ordre, au Radical, à la Marseillaise, à l'Homme libre, au Bien public, à la Lanterne, à la Paix et, en dernier lieu, à L’Écho de Paris. En 1887, il a fait partie des défenseurs de La Terre d'Émile Zola, face à l'attaque du Manifeste des cinq contre le roman[b]. Anti-dreyfusard, il estime néanmoins que Zola a été malhonnête en publiant J'accuse, le , ce qui lui vaut cette réplique de son ami et collaborateur Octave Mirbeau, avec qui il se brouille :
En janvier 1899, il adhère à la Ligue de la patrie française[8]. En 1905-6, lors de la tournée française du Wild West Shows, il a été l’imprésario de Buffalo Bill. Il meurt alcoolique à 46 ans[c],[d]. Alexis Lauze lui succède à la tête du Journal. Son corps ayant été ramené de Grasse à Paris, il a été, après un service religieux en l’église Saint-Honoré d’Eylau, inhumé au cimetière des Batignolles. Hydropathe, il appartenait également à l’Association des journalistes parisiens, depuis le , au Syndicat de la presse parisienne, à l’association syndicale professionnelle des journalistes républicains français. Une plaque commémorative du fondateur du Journal est apposée sur la porte cochère de sa maison natale, sise au 20, rue Franklin[9]. Publications
Bibliographie
Notes et référencesNotes
Références
Liens externes
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